Voici la retranscription du scan de l'édito de G. Pernoud que Christian m'a envoyé par mail.


Les gardiens du temps

Ils sont là, visibles de très loin pour le marin mais aussi pour le terrien. Les phares qui bordent nos côtes ont une silhouette qui s’élance vers le ciel comme pour montrer leur puissance, leur force, leur immortalité. Et pourtant, les temps changent, la modernité a fait fuir les gardiens, aujourd’hui la presque totalité des phares sont devenus automatiques.

Mais leur silhouette attire toujours autant l’œil des marins et l’œil des terriens. Le promeneur, comme aimanté, fait l’effort d’aller jusqu’au pied du phare pour se rendre compte de sa majesté. Mieux encore, de plus en plus, la visite est autorisée et il faut saluer cette initiative qui, je l’espère, se multipliera même si ce n’est pas toujours facile à mettre en place.

La visite d’un phare, c’est un voyage dans le temps, le phare à cet instant se transforme en une machine à remonter le temps. Marche après marche, on replonge quelques siècles en arrière, au moment où des hommes dans des conditions souvent très difficiles se sont attaqués à la construction de ces chefs d’œuvre de l’architecture. Des bâtisseurs qu’il faut saluer, surtout pour ceux qui, en pleine mer, se sont attachés à quelques petites rochers pour planter quelques piquets à chaque marée haute et ce durant plusieurs années pour construire le premier mètre des fondations. Marche après marche, revient à la surface, la vie de ces gardiens qui ont entretenus toutes ces lampes qui scintillent le long de nos côtes et qui ont été longtemps autant de lignes de vie lancées dans la nuit. Oui le radar, le GPS ont changé la donne, mais c’est peut-être à nous, terriens, de leur offrir un avenir en allant les regarder, les visiter quand c’est possible, d’en parler, d’en parler à tous, aux responsables locaux, régionaux et nationaux, pour qu’on ne les abandonne pas. Plus que des monuments historiques, ils gardent en eux un “gros morceau” de la vie de ce littoral que nous aimons tant.

Alors, même après les vacances, n’oublions pas “ces gardiens du temps”.

Georges Pernoud